Et si l'humain détruisait pour mieux comprendre ?
Ce matin, j'ai décidé d'aller prendre une marche dans le chemin qui longe la forêt chez moi. C'était un matin un peu frisquet. Il a gelé cette nuit, mais pas complètement. Les trous d'eau étaient à peine gelés et certains avaient une couche de glace très fine, mais bien visible et d'autres, une couche de glace à peine visible sur l'eau.
J'ai commencé à m'amuser à mettre mon pied sur les différentes épaisseurs de glace et voir la réaction alors qu'elles brisaient. Lorsque j'ai mis le pied sur une mince couche qui recouvrait une bonne quantité d'eau, la glace a percuté le fond du trou et des bulles ont commencé à remonter à la surface, restant ainsi coincée sous la glace brisée et commençant à se déplacer. C'était un spectacle magnifique des éléments de la nature: l'air dans l'eau, coincée sous la glace et se déplaçant.
C'est à ce moment que l'idée de cette publication m'est venue.
Vous me direz, mais quel rapport entre la glace qui casse et la mode éthique?
Mon cerveau a compris quelque chose ce matin avec cette expérience et j'ai envie de vous le partager sous forme de réflexion. Peut-être inspirera-t-elle la suite de la vôtre?
Ce matin, en brisant la glace, j'ai réalisé le côté destructeur de moi à vouloir le faire. Elle était pourtant si belle. Elle avait dessiné des formes abstraites et l’on aurait vraiment dit une œuvre d'art.
Pourtant, c'était plus fort que moi. Je voulais la casser, et c'est quand j'ai vu les bulles apparaître que j'ai compris pourquoi j'y tenais tant.
Je voulais comprendre.
Comprendre son fonctionnement, comprendre sa texture, comprendre sa résistance et sa réaction quand on la briserait.
Et inévitablement, la suite de ce qui a traversé mon cerveau a été ceci : les enfants eux-mêmes, dans toute leur innocence et leur bienveillance naturelle, jouent souvent en détruisant des choses qui les entourent...
...Pour mieux comprendre le monde qui les entoure.
Alors j'ai pris cette réflexion qui m'est apparue comme un processus sain en soi et je l'ai fait s'étendre à plus grand.
Et si l'humain avait cette compulsion à détruire pour finalement mieux comprendre ce qui l'entoure?
Ce n'est certainement pas la réponse à tout. Je suis consciente que notre course effrénée au capitalisme et à vouloir toujours plus à beaucoup à voir dans cette destruction et n'est pas saine en soi.
Pourtant, une part de moi ce matin regarde l'humanité avec tendresse. Comme si à notre façon, comme société, comme civilisation, nous en étions encore au stade de l'enfance.
J'avance ceci: peut-être en sommes-nous encore à notre façon à découvrir le monde qui nous entoure. À détruire pour mieux comprendre. Nous commençons à peine à vraiment savoir comment utiliser les ressources qui nous entourent et soyons honnêtes, nous le faisons encore de façon bien maladroite.
Et le parallèle avec la mode éthique?
Venons-en au sujet principal de ce site web. En continuant logiquement cette réflexion, elle nous amène à étendre cette notion de destruction aux différentes industries, n'est-ce pas?
Et bien, la mode étant l'une des industries les plus polluantes au monde, elle mérite qu'on y attarde un peu de cette réflexion.
L'humain fait l'effort d'aller chercher des ressources à des kilomètres sous la surface de la Terre. Prendre cette matière noire et la transformer en une panoplie d'objets du quotidien, dont de la fibre qui servira à faire les vêtements que nous porterons.
En parallèle, avec cette même matière, il a appris à la transformer pour pouvoir teindre la fibre. À lui ajouter toutes sortes de substances pour lui donner les couleurs voulues.
Oui, je parle du pétrole.
Fascinant, n'est-ce pas? L'ingéniosité de l'humain me fascine vraiment.
Cela dit, tout ça passe par la destruction de l'environnement, et j'aime bien rappeler que les animaux, les plantes, les humains, tous les règnes de cette planète font partie de l'environnement.
Quand on dit «environnement», on ne devrait pas concevoir quelque chose extérieur à nous. On devrait peut-être plutôt prendre le temps de se rendre compte que nous et toutes les formes de vie sur cette planète sommes l'environnement. Ainsi on mesurerait peut-être mieux l'impact et le problème de ce qui est en train d'arriver au niveau écologique.
En revenant à l'ingéniosité humaine, oui, elle détruit. Oui, elle s'est exprimée d'une façon principalement immature depuis le dernier siècle particulièrement.
Mais j'ai envie de me rappeler une lecture faite à mes 17 ans, époque de grande anxiété écologique pour moi. Et je terminerai ce texte ainsi.
On nous avait présenté deux textes de deux penseurs, deux scientifiques, à propos du changement climatique.
L'un d'eux amenait le discours que nous sommes habitués d'entendre: «L'humain méchant détruit tout sans réfléchir et court à sa perte.» Évidemment, je paraphrase et accentue légèrement le ton de ce type de discours. Je pense qu'il est en partie vrai, cela dit, il oublie une notion importante que l'autre texte amenait.
L'humain est doté d'une ingéniosité sans limite. Une ingéniosité qui a jusqu'à maintenant toujours su repousser les limites du possible. À transformer la matière autour de lui d'une façon qu'on n’aurait jamais cru possible il y a de cela 50 ans.
Alors pourquoi donc ne pourrait-il pas réussir à se servir de cette même ingéniosité pour trouver les solutions aux nombreuses crises auxquelles nous faisons face?
Je crois fermement que l'humain saura prendre conscience de ce à quoi il fait face et qu'il réussira de manière tout à fait ingénieuse à y trouver des solutions.
J'espère sincèrement que cette réflexion puisse amener un baume, peut-être un soupçon d'espoir dans votre cœur. Nous en avons besoin et nous faisons tous partie de la solution. ❤️
Laurence,
Fondatrice de Laumara
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