Le cas du coton - Le coton OGM

Mon plongeon dans le domaine du coton, en 2018, a été assez radical.

Du jour au lendemain, je suis passé de celle qui n'y connaissait rien à celle qui voulait absolument tout savoir. J'ai passé les trois premières années de Laumara à faire énormément de recherche pour être sûr de ce que je faisais, pour ne pas tomber dans le panneau dans lequel tant de marques ont tendance à tomber. La «fausse mode éthique» et le greenwashing, pour ne nommer que ces pièges-là.

Il était hors de question pour moi de parler de «marque éthique» et de «coton biologique» sans comprendre vraiment de quoi je parlais. 

On peut apprendre par les livres, par les recherches sur le web (et Dieu sait que je l'ai fait), mais j'ai d'abord et avant tout toujours été une femme de terrain. 

C'est donc en allant directement à la source que j'ai appris les choses les plus fascinantes. J'ai fait ce que peu de marques osent faire: je me suis rendu directement chez mes fournisseurs, j'ai cogné à leurs portes et j'ai posé des questions. 

En me rendant au Pérou, j'ai vu de mes propres yeux comment se déroulent les étapes de la chaîne d'approvisionnement que j'ai choisi: celle du coton biologique et éthique péruvien. 

Cet article est le premier d'une série que je mijote depuis longtemps. Je constate malgré mes recherches le peu d'informations claires qui existe, surtout en français.

Je constate aussi qu'il est particulièrement facile de se perdre dans des statistiques et des informations éparses. 

Mon but par cet article et ceux qui suivront est de retracer les enjeux qui tournent autour du coton «conventionnel» et de nous amener pas à pas à prendre conscience de l'évidence qui s'impose : le coton tel qu'il est cultivé aujourd'hui est une catastrophe.

Comment on fait collectivement pour renverser la vapeur? Comment reconnaître un coton sain et digne des humains qui l'ont cultivé? C'est ce que j'essayerai au mieux d'éclaircir avec vous.

N.B Avant d'entrer dans le vif du sujet, sachez que le coton tel qu'il est majoritairement cultivé aujourd'hui représente bel et bien une catastrophe au niveau humain et environnemental, mais que lorsque cultivé de façon biologique et éthique, il devient l'une des sources de fibre textile la plus intéressante qui soit pour l'avenir. Comme quoi tout est dans la manière.

 

Qu'est-ce que du coton OGM et pourquoi c'est un problème?

Si vous avez déjà commencé vos recherches à ce sujet, vous savez probablement que le coton est la fibre textile la plus cultivée au monde. 

Plus encore, l'économie de dizaines de pays repose en grande partie sur cette culture. 

2% des terres cultivables de la planète servent à faire pousser du coton. On parle de millions d'hectares.

D'accord, maintenant qu'on a un aperçu de l'importance que représente cette culture, on y va? 

Jusque dans les années 1990, le coton qui poussait n'avait pas été modifié. Évidemment, l'utilisation de pesticides était déjà bien répandue, mais les agriculteurs continuaient d'utiliser des semences qui provenaient de la nature. 

Au courant des années 90, la compagnie Monsanto a créé le coton BT. Le coton génétiquement modifié, aussi appelé OGM. 

La nature s'adapte toujours

Il a été vendu aux agriculteurs comme solution miracle aux insectes ravageurs et qui en plus allait augmenter de façon considérable la productivité de la plante. Autrement dit, moins de problème et plus d'abondance. 

Comme vous vous en doutez sûrement, ce n'est malheureusement pas ce qui est arrivé. 

Au début, les résultats escomptés étaient de la partie. Les premières années donnaient espoir. Mais rapidement, la nature s'est adaptée et de nouveaux insectes et de nouvelles maladies on prit le dessus, se sont adaptée à la nouvelle plante et ont ravagé les cultures. Cela a obligé les agriculteurs à acheter encore davantage de pesticides.

Les prix grimpent

Un des principaux enjeux avec le coton BT est que Monsanto, en brevetant la semence, a rendu les agriculteurs complètement dépendants d'où ils pouvaient se procurer des semences. Le seul à avoir le droit de vendre ce coton est Monsanto lui-même. Résultat: monopole sur le prix des semences, prix à la hausse et endettement des agriculteurs pour une semence qui, en plus, ne donne pas les résultats escomptés. 

Et vous me direz, mais pourquoi ne sont-ils pas retournés aux semences originales?

Au fil des années, les semences de coton non-OGM sont devenus très difficile, voire quasi impossible à trouver. Beaucoup sont aussi restés dans l'obligation d'acheter ces semences, car pris avec trop de dettes envers Monsanto. 

Bref, le cercle vicieux devient de plus en plus étroit et inconfortable. 

La santé décline

Et le vice continue et se réfugient dans l'état de santé des agriculteurs, mais aussi de familles entières qui vivent à proximité de ces champs. Conséquences des pesticides utilisés en grande quantité, de nombreuses femmes accouchent d'enfants lourdement handicapées physiquement et mentalement. Les hommes qui cultivent s'empoisonnent. Les animaux qui broutent ce qu'il reste de végétaux sur un champ de coton déjà récolté tombent raides morts. 

Suicides par milliers

Les conséquences les plus dramatiques arrivent à la suite de toutes ces tragédies induites par le coton génétiquement modifié. 

En Inde, principalement, on compte par centaines de milliers les agriculteurs qui se sont enlevé la vie après avoir constaté qu'ils ne seraient pas en mesure de rembourser les dettes. Que se passe-t-il dans ce cas? Monsanto se donne le droit de récupérer les terres qui leur sont «dûes». À la vue de cette fin tragique, bien des agriculteurs décident de mettre fin à la leur jour avant ce moment fatidique. 

Le coton BT prédomine partout dans le monde

En sachant que 92% du coton cultivé aujourd'hui est OGM, les différentes problématiques abordées ici sont loin d'être une exception. C'est le quotidien de centaines de milliers de familles partout dans le monde. 

Il pourrait être facile de penser que de revenir au simple coton conventionnel d'origine naturel serait la solution, mais malheureusement, même la culture de ce coton original est devenue un réel problème à bien des égards. C'est ce dont il sera question dans le prochain article. 

Qu'est-ce qu'une marque impliquée?

Gardez en tête que la majorité des marques n'ont aucune idée de la provenance de leur coton. Les chaînes d'approvisionnement sont complexes et comportent beaucoup d'étapes et la plupart ne font pas l'effort de connaître la provenance de leur matière première. 

Gardez aussi en tête que les marques qui connaissent l'origine de leurs fibres sont fières de le mentionner sur leur site web et d'en parler ouvertement.

Méfiez-vous des grands discours et des petites actions. 

Une marque impliquée est une marque qui sait, qui répond aux questions, qui est soucieuse de son impact réel. 

C'est une marque qui fait le choix de limiter le plus possible les fibres OGM, synthétiques, qui cherche les certifications et qui créer des produits à l'avant-garde, des produits faits pour durer. 

Le Pérou et les OGM

Pour votre culture personnelle, le Pérou à voté en 2011 un moratoire sur les OGM empêchant les agriculteurs d'utiliser des semences génétiquement modifiées partout sur le territoire. En 2021, le moratoire a été voté à nouveau pour 15 années supplémentaires. 

Le coton que nous utilisons pour nos sous-vêtements respecte évidemment ce moratoire. Nous travaillons d'ailleurs avec des souches de coton qui font partie des plus anciennes retrouvés sur Terre et qui n'ont tout simplement jamais été modifié génétiquement. Pour en savoir plus sur notre coton, c'est par ici.

 

Pour votre curiosité personnelle, quelques liens intéressants: 

Un article fort intéressant rédigé par le RCAB (réseau canadien d'actions sur les biotechnologies) si vous souhaitez entrer dans plus de détails concernant le coton OGM.

Le documentaire The true cost (disponible en français également) qui parle en long et en large de toutes ces problématiques.

Le Pérou interdit les OGM pour les 15 prochaines années.


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